Enseignant à la retraite, il dirige bénévolement depuis 20 ans l’association qui occupe la Maison des Comoni, au Revest, avec une programmation théâtrale de qualité. Les 4 Saisons du Revest font partie des réseaux Scène(s) et Var en Scènes.
L’association, en plus de sa programmation, organise des agoras et salons de lecture. Elle a organisé cette année le premier Bocal agité varois, regroupant durant trois jours auteurs, metteurs en scènes et comédiens, pour des créations inédites.
Avec un budget de 213 000 euros dont 91 000 utilisés pour des créations, elle emploie 6 personnes.
Que pensez-vous de l’offre culturelle dans l’agglomération toulonnaise ?
Depuis 4 ou 5 ans, l’offre culturelle sur l’aire toulonnaise est plus importante, diversifiée, et de meilleure qualité dans tous les domaines. Pourtant, les gens continuent de dire qu’il ne se passe rien, que tout se fait à Marseille ou dans les Alpes-Maritimes. Marseille est probablement la ville qui a été la plus effervescente ces 10 dernières années mais cela devient un peu ronron. Grâce au travail de tout un tas de gens, l’effervescence commence à prendre dans l’agglomération toulonnaise. Il s’agit maintenant de le faire savoir, ce que la presse locale, cruellement absente, n’a sans doute pas compris. La communication est axée sur les grosses structure et on ne parle pas suffisamment des lieux à la marge.
A part la communication, quels sont les handicaps de notre agglomération par rapport au développement culturel ?
Certains pensent encore que les choses ne se font qu’à Marseille. Etre abonné à la Criée, c’est une façon de se distinguer. Toulon a encore un problème d’image. De plus, dans une région où il fait souvent beau, on privilégie les activités de nature au détriment de la culture. La population active se renouvelle de 25 % tous les deux ans.
Constituée de marins, de militaires, de fonctionnaires, elle a tendance à être repliée sur elle même.
Quels rôles peuvent jouer la culture et l’art dans une société comme la notre ?
Nous vivons dans une société égoïste, individualiste. Les gens sont blasés, blindés, marqués. Remettre un peu de fraîcheur, retrouver l’étonnement de la découverte, cela ferait du bien. Je crois que l’art doit permettre de retrouver la capacité d’éprouver des émotions. Avec l’art on peut montrer aux gens qu’ils ont un pouvoir créateur, qu’ils peuvent dire non à la télévision. Culture et art doivent amener à un sentiment de liberté. Plus je suis cultivé, plus je vais dialoguer avec ce qui m’est proposé.
Il ne s’agit ni de consommation, ni de divertissement, mais de travail sur soi. A côté de l’école de la vie, il faut qu’il y ait une place pour l’école de l’art.
Est-ce que l’art doit avoir une portée politique ?
Certains pensent que le lien entre art et société est fondamental. L’art est politique. C’est un courant minoritaire mais c’est aussi peut être le plus fécond pour l’avenir. C’est l’exemple du travail avec les handicapés, les personnes âgées, les exclus. Il y a un autre courant, carriériste. C’est l’art institutionnel. Il n’y a pas de prise de risque, tout est formaté, le bon goût domine tout. L’art institutionnel ne bouscule plus. On a tendance à faire du jeunisme, à brosser dans le sens du poil.
D’autres pratiquent l’art pour l’art. L’artiste est là pour renvoyer dans la société une image, des questionnements. Quelques artistes d’exception nous ouvrent des voies vers le haut. Ils dégagent ce qu’il y a de pire en l’homme pour qu’il puisse en prendre conscience. Ils sont peu nombreux à faire émerger soit de la provocation, soit du sublime.
Pensez-vous qu’art et culture peuvent lier la société ?
Je pense qu’aujourd’hui encore, malgré des efforts d’ouverture, on n’échappe pas à la ghettoïsation. Même chez les adultes, il y a ceux qui ne vont qu’à l’opéra ou voir des concerts classiques. Le public des expositions par exemple ne va pas au théâtre. Cela correspond à ce que Pierre Bourdieu appelle la distinction.