Créé en 1999 par l’association Septième Vague pour offrir un lieu à des artistes, ce petit café-théâtre sait surprendre le visiteur. Niché dans la rue Berny à la Seyne- sur-Mer, il offre un cadre très intimiste, dans des tons méditerranéens.
La petite salle de 50 places est dotée d’un budget microscopique (15 000 euros). Les amateurs peuvent y pratiquer stages et ateliers de théâtre, café philo, cinéma image, arts plastiques...
Le Constroy propose jusqu’à 10 programmes par mois en musique, théâtre, projection... Il compte 1200 abonnés (abonnement automatique à la première entrée) et enregistre 2400 entrées par an.
Que pensez-vous de l’offre culturelle dans l’agglomération toulonnaise ?
Dans la diffusion de spectacles, il y a peu de programmation régulière, surtout à la Seyne. Il n’y a pas d’acteurs compétents pour programmer à l’année. Si on veut faire une pièce, il n’y a pas d’argent. Il faut que chaque acteur demande au coup par coup de l’argent au Conseil général. Il faudrait qu’il y ait à la Seyne une mission d’aide à la création artistique.
Au niveau de la qualité de l’offre, c’est l’argent qui est nécessaire. Cela permettrait d’intégrer de la programmation locale.
Comment faire pour que les gens accèdent plus facilement au spectacle vivant ?
C’est par le harcèlement de l’offre sur la durée que l’on peut faire venir des gens. Pour pallier un retard, au départ il faut s’acharner. Nous sommes dans un secteur non rentable mais nous produisons de la plus value. La Seyne est sinistrée. Nous sommes les premiers à avoir fait une pièce sur les chantiers navals, sans aide. Un endroit où il n’y a pas un pétillant conduit au désert. Le pouvoir est sans doute opposé à la culture, comme sous les Médicis en Italie, à la fin de la renaissance. Et puis on est aussi dans une culture de télévision. Si au niveau de la cité, il y a un processus d’excellence, cela régulera les énergies.
Au lieu d’avoir des émeutes, on aura un émerveillement de joie.
Dans quelle direction artistique faut-il travailler ?
Je crois qu’il faut travailler en ayant à l’esprit trois dimensions : la cité (on crée à partir de la ville où l’on est), la culture du littoral (rencontre entre mer et terre), l’Euroméditerranée.
On propose aux artistes de voir s’ils ont 1, 2, ou 3 rapports avec ces éléments. Dans ce cas on les défend auprès de tous les services culturels des environs. La politique ne se demande pas quelle direction culturelle on doit prendre. Il faudrait que le service public encourage.
Ce qui nous intéresse, c’est d’avoir un patrimoine local.
De cette manière on fait une place à l’artiste dans la ville et on cultive un patrimoine local artistique. Si on défend cela en exigeant un principe d’authenticité, on a beaucoup plus d’artistes créatifs. Il faut qu’il y ait un contexte favorable, qui s’enrichisse.
Quelle stratégie adoptez-vous pour attirer du public ?
Le marché en terme de demande est trop faible. Nous avons peu de moyens et la publicité se fait essentiellement par le bouche à oreille. Le public a besoin de choses identifiables.
Nous avons un spectacle sur les chansons éternelles (Piaf, Brel, ...) interprétées par un pianiste et un chanteur. A chaque fois, nous faisons salle comble. Par contre, si on programme un groupe qui mélange séquenceur et instruments traditionnels, c’est beaucoup plus difficile. On essaie alors d’alterner.
En théâtre, nous privilégions les créations, ce qui n’est pas forcément l’idéal pour un public comme le notre, qui a besoin de valeurs sures. Nous sommes un café théâtre. Dans l’acoustique, c’est ce qu’il y a de mieux. Et puis nous nous battons sur la qualité d’accueil, pour mettre les gens dans une disposition décontractée.
Quel est l’avenir du Constroy ?
Nous avons un CES embauché. Nous envisageons avec la ville de couvrir un emploi de 40 heures en trois postes (gestion et service bar, administration des spectacles, régie technique et accueil des artistes). Nous pouvons également servir à former des gens aux métiers du spectacle. On travaille à la recette donc surtout avec des artistes du coin. Nous espérons pouvoir générer des spectacles. Cela permettrait d’entrer dans une phase de pérennisation. La ville prendrait en charge l’emploi et le Conseil général prendrait le relais sur les 5300 euros qui servent à payer les déclarations des artistes à la SACEM. Sinon, nous fonctionnons avec 12 bénévoles.