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suite du volet N°1
lire http://www.yaquoi.com/comme-un-exposition-de-douze33008
par MFLP
Nous montons le raide escalier. Tout au long, collés sur les murs, de grandes caricatures en noir et blanc au style très personnel nous montrent des individus à l’échelle 1 qui s’activent en interaction avec l’environnement de l’escalier. Plus haut, Amandine Casset expose ses carnets de dessin remplis de caricatures, une par jour. Travail intime iconoclaste, satirique, né d’une observation quotidienne de son entourage, exutoire sans doute, pour rire, jaune souvent. Bien à l’ordre du jour...
Dans la première salle du haut, toute blanche, des photographies de Boryan-Delyan Delchev nous montrent des "paysages corporels" en noir et blanc. En disant paysage, on ne se trompe pas : courbes, lumières, composition, profondeur de champ, tous les ingrédients d’une photographie de paysage sont bien là. Mais le grain ou le velouté de la peau nous rappelle à temps qu’il s’agit de fragments de corps nus. Tout y est parfaitement maîtrisé. A vous de voir, de regarder plutôt, et de rêver.
Dans la seconde salle, trois photographies prises dans les villes de Berlin, Toulon et Téhéran nous montrent des personnages pris sur le vif d’un quotidien citadin, mais d’un quotidien, pour qui sait déchiffrer, porteur de multiples messages culturels, sociétaux ou politiques. Surprenant documentaire d’un photographe grand marcheur, pour ne pas dire nomade : Zagros Mehrkian. En fait, cet artiste au passé et à l’expérience internationale déjà bien remplis, et qui, depuis longtemps a su aiguiser son regard et aussi son humour, nous propose des images dignes d’un artiste qui serait à la fois photographe et reporter.
Dans la même pièce, Jean-Baptiste Faure nous présente une vidéo des opérations de montage manuel de bandes magnétiques et une vidéo d’une réalisation de graphiques à l’aide d’une installation à base d’élastiques guidant et retenant les élans de sa main. Ces deux vidéos nous parlent de l’utilisation des outils avec les contraintes, les tensions et les qualités propres à chacun. Elles nous parlent aussi de son expérience de designer et de graphiste.
Plus loin et sous un angle de vue bien précis, le regard du spectateur aperçoit un parallélépipède qui se promène dans l’espace, entre trois pans de mur. Une anamorphose judicieuse qui se joue de la perspective et se confond avec l’espace réel. Dylan Casasnovas nous propose là une illusion optique qui met en valeur et anime ce passage ! L’artiste a vraiment bien su transformer, voire sublimer un lieu complètement ingrat.
Et enfin, dans la dernière salle, avec un polyptyque composé de cinq peintures grand format, Thomas Giacomoni nous expose un processus de peinture très personnel : chaque planche est enduite de couches de peinture monochromes - la dernière étant une couche noire - puis creusée d’un geste répétitif à la gouge. Ce jeu d’addition et de soustraction vient révéler les strates sous-jacentes. Sur cette sorte de palimpseste découvert à petites touches, faisant ressortir des couleurs contrastées, le temps et le geste y sont définitivement inscrits.
Cette exposition est évolutive, c’est à dire que les étudiants en feront évoluer le contenu et la disposition tout au long du mois février, donc d’autres surprises sont censées nous attendre dans ce même lieu.
La conclusion sera brève : si vous voulez vous tenir informé du travail de nos jeunes futurs artistes, venez à Barjols ; ils vous étonneront par la qualité des travaux exposés - savoir-faire enfin réhabilité -, le sérieux et la profondeur des démarches, des concepts ou des processus employés, aussi variés soient-ils, par la grande créativité qui les anime et qui va bien au delà du formatage que l’on perçoit souvent dans les écoles d’art, et enfin par la grande liberté d’expression qu’ils ont su apprivoiser... De plus, venant d’une initiative de groupe hors école, le côté dynamique et professionnel de cette exposition nous réjouit tout particulièrement.
Seul bémol : le soir du vernissage, aucun professeur de l’école (sauf un m’a-t-on dit), n’était présent... Serait-ce une sorte d’ostracisme : hors école point de salut ??? Attendons le jour du finissage pour faire mentir cet adage.
Marie-Françoise Lequoy-Poiré
Exposition évolutive du 24 janvier au 21 février
Finissage le 28 février à 18h
artmandat - tannerie les Perles
19, rue Pierre Curei 83670 Barjols (au tunnel)
ouvert tous les jours, prévenir de votre visite au 06 72 79 97 54 ou par mail
info@artmandat.com - www.artmandat.com
Crédit photographie MFLP, courtesy les artistes
© Marie-Françoise Lequoy-Poiré