Delphine Hecquet
« Il n’y a pas eu de miracle. Personne n’est venu frapper à notre porte pour nous porter secours. » L’irréparable a été commis quand Élisabeth a cessé d’espérer que la colère et la violence s’arrêtent d’elles-mêmes. Un acte de désespoir qui fait d’elle une coupable et une victime. L’autre victime collatérale, c’est Constance, venue pour aborder ce jour où tout a basculé : « Parloir donne la parole à l’enfant blessé, rarement entendu, trop peu écouté ». Dans cet espace intime, on cherche à comprendre l’emprise et la violence, à réparer. La parole douloureuse se fait alors libératrice. Après Balakat, c’est la deuxième fois que Delphine Hecquet choisit pour décor un parloir de prison. La scénographie tournante crée des effets de zoom sur les comédiennes et des champ-contrechamps comme si nous étions dans une œuvre cinématographique. La musique qui suit les personnages dans leur chemin émotionnel vient soutenir ce témoignage poignant. Dans cet espace-temps, on interroge les failles d’un système judiciaire incapable de protéger les femmes victimes de violence. On parle au nom de toutes celles murées dans le silence.