PHILIPPE JOUANON :” ORGANISMES DIGITALEMENT MODIFIÉS” , À HYÈRES

Dans ses computer-compositions d’ODM, Philippe Jouanon joue et rejoue avec l’image, avec notre vision, notre perception. Ceci pour la forme, mais sur le fond, Philippe Jouanon joue avec notre fantasme, tout en abordant en filigrane et avec humour le thème très sérieux des OGM. Plusieurs niveaux de lecture pour cette exposition. Entre Prométhée et Eros. Ou plutôt à la fois Prométhée et Eros.
Grâce à une parfaite maîtrise de l’appareil photo, du Personal Computer et de la souris...

courtesy P. Jouanon et Mairie d’Hyères

Organismes Digitalement Modifiés

“Pour qui s’intéresse à l’histoire des mentalités, l’affaire des OGM qui oppose actuellement chercheurs et écologistes a le mérite de faire apparaître deux visions antagonistes de la nature : celle de la nature comme milieu neutre et indifférent qu’il appartient à l’homme de maîtriser et de soumettre à ses besoins, et celle d’une nature comme ensemble ordonné que l’homme doit respecter, un ordre fait de nécessité et de finalité dont la transgression provoquerait le malheur. C’est ainsi le vieux débat entre la science et la religion retrouvé autour du maïs transgénique. Un débat entre ceux qui le plantent et ceux qui le fauchent. Entre ceux qui veulent conquérir la nature et ceux qui veulent s’y soumettre.
Survient Philippe Jouanon qui nous donne à contempler ses ODM et tire de très contemporaine manière le tapis sous les pieds de la doctrine classique du beau : une vieille doctrine qui fait résider la beauté dans la nature et qui, du même coup, fait de l’imitation de la nature la règle de l’art. Car ses ODM ne sont pas des OGM, et l’artiste en l’occurrence ne modifie pas des productions de la nature mais des représentations de la nature. Mais qu’est-ce donc ici que la nature ? A considérer son travail, la pensée vient qu’elle pourrait consister en un réservoir inépuisable de formes et d’images, comme une matière première, qu’il resterait à modifier pour les rendre belles ; et leur beauté, loin de venir alors de la nature, viendrait seulement du geste de l’artiste. La nature, au-delà de ceux qui veulent s’y confronter ou de ceux qui veulent y faire allégeance, pourrait donc se concevoir telle une idée vide utile aux hommes pour y loger leurs désirs. En somme, les ODM de Philippe Jouanon seraient une bonne illustration de la thèse selon laquelle la nature est essentiellement une affaire de culture.”

texte de Françoise Carrassan, Adjoint à la Culture

courtesy P. Jouanon et Mairie d’Hyères

“....Souhaitez-vous pénétrer dans ce monde ? Laissez à l’entrée votre calme et consentez à la tourmente. Car l’artiste joue de l’infime variation, du flux des images. Art de l’influx qui veut saturer tous les “frayages”, parfois jusqu’à l’épilepsie. Vos “amines” sont mes amies, et l’alchimie opère : transformation d’un vacarme intime en sonate. Bien sûr il y a des sirènes qui appellent, ce qu’il nomme son parti pris esthétique, une inclination vers l’érotisme féminin, certes, pas une révérence. Mais sa pratique relèverait plutôt de la litanie, de l’incantation jusqu’à la transe : célébration de l’instant, temps vertical selon Bachelard, poésie...”

Extrait du texte d’Alain Fondaci

L’exposition se tient dans un merveilleux espace municipal : La Rotonde du Park Hôtel, jusqu’au 6 mars

exposistion @@@@
vernissage @@ (chips et cacahuètes, nous sommes habitués à mieux, dans le Var !, mais ambiance sympa))

Posté le 31 janvier 2005