Le tombolo de Giens : une opération de sauvetage en cours

A.Thierry, La Presqu’île de Giens

Île ou presqu’île de Giens ? La réponse varie au fil du temps. Il y a vingt mille ans, le niveau de la mer était inférieur, si bien que les promontoires des futures îles d’Hyères et de Giens faisaient partie du continent.

Puis, avec la fin des glaciations, la mer monta et les îles d’Hyères s’individualisèrent, tandis que Giens restait lié au continent par deux dorsales rocheuses.
La mer continuant de monter, elles furent noyées à leur tour et Giens devint une île. Mais les alluvions, déposées parla dérive littorale sur les dorsales, créèrent les deux flèches de sable du tombolo reliant Giens au continent. L’île devint presqu’île ; entre les deux flèches, l’étang des Pesquiers, aménagé au 19e siècle en marais salants et halte des flamants roses.

Monument naturel, ce double tombolo est fragile. En effet, si la flèche orientale, d’une largeur de 250 m, est complantée d’une pinède qui fixe le sable, la flèche occidentale, dont la largeur n’excède pas 30 m, risque de céder devant les tempêtes de mistral, comme cela s’est déjà produit à trois reprises (1767, 1811, 1917).

Or, depuis 1960, la situation s’est aggravée : la plage a démaigri et la "route du sel", qui la longe, est fréquemment inondée.

Pourquoi ?

A cause de l’action conjuguée des hommes et de la mer.
D’une part, l’herbier de posidonie qui protégeait la plage de la houle est en mauvais état.
D’autre part, avec l’urbanisation de la presqu’île, des canalisations ont été passées au cour du tombolo et la "route du sel"ouverte, avec son cortège de guinguettes et de parkings.

Les résultats ne se sont pas fait attendre : déstabilisation de la dune, piétinement et disparition de la végétation fixatrice. L’érosion est devenue alors très active sur un cordon rendu vulnérable. Aussi, tenta-t-on d’implanter des récifs-barrières en béton, de restaurer l’herbier, de mettre des enrochements, des pieux, des palissades : en vain.

Et, en 1994, une tempête emporta une partie du tombolo. La municipalité d’Hyères confia alors au Conservatoire du Littoral la conduite d’un programme de protection et de réhabilitation : pose de ganivelles, suppression des parkings, déplacement de la route...
Puis, un Plan global de protection de la presqu’île de Giens, associant l’État et les collectivités locales, a été initié.

A l’avenir, cette protection devrait être renforcée par l’acquisition des Salins des Pesquiers, dont l’exploitation est arrêtée, par le Conservatoire du Littoral.

Posté le 11 juillet 2001