Jérémie Kisling, sweet Suisse - Miro, simple et funky

Sweet Suisse Jeremie Kisling, Site web

C’est toujours un bonheur de se rendre au délicieux théâtre Denis de Hyères, découvert personnellement à l’occasion d’un concert de Mathieu Boogaerts (que du bonheur…). La salle finit de se remplir quand Jérémie Kisling entame la première partie. J’écris « Jérémie Kisling », mais en plus du guitariste-chanteur éponyme, le groupe venu de Suisse se compose de Monsieur Bidouille, au clavier, parfois au contre chant et souvent aux transitions pleines d’esprit entre les morceaux ; ainsi que de Monsieur Trompette, qui joue … de la trompette avec un certain effacement, en comparaison à la complicité des deux premiers, assez joueurs et décontractés.

Peu de spectateurs semblent connaître les morceaux du groupe (mis à part « Les Abeilles »), mais le charme ne tarde pas à opérer : la musique est aérienne, les paroles pleines de poésie, les mélodies accrocheuses et délicates comme de la pop anglaise de 60’s. Le mélange entre la voix neutre et profonde de Monsieur Bouche (le chanteur), son jeu de guitare sobre et parfait, les envolées aux claviers (et autres ustensiles) de Monsieur Bidouille et les touches toutes impressionnistes de la trompette procurent un sentiment diffus de plénitude.

A noter que le charme des mélodies semblent se doubler, en tout cas pour certaines spectatrices, du charme de Monsieur Bouche, dont le physique tient à la fois de Morrissey et de Mickaël Landreau, plus que la morve d’un Justin Timberlake.

Les morceaux sont des petites touches de bonheur, de la « belle orfèvre », comme on dit dans les journaux sérieux. Le dernier morceau, à contre-pied complet dans un style ragga-club Med, a la malice d’obliger la salle à se mettre debout et à le rester pour réclamer un rappel bien mérité.
_Stéphane

Simple et Funky Miro, Site web

Après cette première partie charmante qui avait osé reprendre un tube mémorable de Diane Tell, place à la tête d’affiche, nous avons nommé Miro (il doit avoir un site mais j’ai pas noté l’adresse). Ce drôle d’individu était déjà passé par nos contrées barbares il y a deux ans au forum de la Fnac Mayol au moment de son tube planétaire en France « Billy le Funky Man »...

Miro, c’est qui ? Un chanteur-guitariste rythmique, les cheveux orange, les lunettes circulaires à branches noires épaisses, un physique de bachelor à la retraite, un univers couleur poil de carotte peuplé d’électronique et d’abat-jour croisé avec un chapeau de sorcier. Mais Miro il est funky...aaaaaaaaah ! Entouré d’un jeune guitariste, électrique et sec, d’un contrebassiste ma foi fort efficace et enthousiaste et d’un batteur-percussionniste et agitateur de colliers de coquillages en tous genres caché derrière le fratras apporté sur scène par Miro.

Le style Miro c’est une ressemblance très prononcée pour du Mathieu Chédid et du Sinclair, avec toutefois des textes plus déclamés que chantés, peut-être moins bien ciselés que M mais à coup sûr moins attendu que Sinclair. Niveau scénique, Miro, à l’étroit entre son i-book et son guitariste, ne bouge guère plus qu’Oasis derrière son micro. Le contact avec le public est plutôt difficile : les transitions de l’artiste inspirent des sentiments partagés dans la salle qui ne sait pas si cet humour froid relève du pince-sans-rire ou d’une frustration de ne pas remplir un Zénith. Notre ami Miro semble en effet un peu désemparé devant l’apathie de la salle, même s’il est vrai qu’une salle assise n’engage pas au pogo généralisé. Faut dire aussi que pour nous qui découvrions le phénomène, l’analyse de ses textes - apparemment anodins - laissait transparaître un profond complexe d’Oedipe qui faisait craindre le pire des destins aux infortunés qui tombaient amoureux de sa maman, ainsi qu’une carence de résiliance ou de sublimation suite au choc post-conservatoire qui veut que l’individu ayant découvert qu’une fois les bornes dépassées il n’y avait plus de limites, rumine sa rancoeur envers tant d’années perdues dans l’aliénation d’une formation rigide.

Alors qu’on avait senti « The Jeremie Kisling’s band » en paix avec eux-mêmes -sans oublier que l’air des montagnes et la légèreté bancaire suisses y sont vraisemblablement pour quelque chose ! -, l’atmosphère miresque dégageait une certaine lourdeur que le rythme funk voulait sans doute contrebalancer. Ajoutons à cela le coup classique de monter le volume au delà du raisonnable pour la tête d’affiche par rapport à la première partie, histoire de hiérarchiser les artistes avant même qu’ils soient nommés aux Victoires de la miousik…

La fin du concert est un peu plus emballante, Miro ayant réservé ses trois chansons qu’un répit psychiatrique lui avait laissée composée dans une sérénité minimale. Par politesse et par tradition, le public restant réclame des rappels. Le concert s’achève sur le meilleur morceau, et de loin : « London Calling », des Clash, pendant que les lumières se rallument.

« And after all this, won’t you give me a smile ? » … si si, mais pour Jérémie Kisling.
Stéphane et Julien

Posté le 10 février 2004