Jean-Jacques Lebel

"UNE TENTATIVE DE MONTRAGE"
Rendez-vous important à la Villa Tamaris : un morceau d’histoire de l’art des années post-60 vous est présenté à travers une gigantesque exposition d’assemblages, collages, sculptures, peintures, documents photographiques, vidéos, affiches de Jean-Jacques Lebel., le tout formant l’ébauche d’un catalogue raisonné de son oeuvre.

Jean-Jacques Lebel fait partie de ces artistes polyvalents directement nés de la cuisse de Dada, qui, dans les années 60, remirent tout en cause : la notion d’art, ses finalités, ses support, ses moyens d’expression, et son existence même (naissance de la notion de non-art). Pluridisciplinaire ou multidirectionnel, l’artiste devient tout à la fois : peintre, mais de moins en moins, assembleur et colleur, récupérateur, acteur, poète et musicien, porteur d’un totale subversion a-culturelle et a-politique, et enfin lui-même support. Grande nouveauté, l’art (ou le non-art) implique un réel engagement physique des artistes, à travers l’action painting, puis les happenings, les performances, le body art.. L’anti-musique ou musique-action (Fluxus), la musique expérimentale, la "poésie directe, la poésie sonore, la poésie visuelle naissent également à cette époque : Jean-Jacques Lebel en est un des principaux protagonistes à travers les premiers happenings et Polyphonix. Les actions sont éphèmères, improvisées, seuls en témoignent les documents photographiques ou filmiques. Glissement des arts visuels vers les arts de la scène, d’un art iconique muséal vers l’action, de la passivité du regardeur vers une interactivité entre artistes et publics.

Quelques noms emblématiques de cette époque ayant participé avec Jean-Jacques Lebel à ce vaste mouvement surréaliste puis dadaïste : Allan Kaprow, Erro, Yoko Ono, Nam June Paik, Ginsberg, Burroughs, Brion Gysin, Cage et, bien sûr, Duchamp, Breton...

Un conseil, achetez le catalogue (18 ¤), c’est un ouvrage de fond à mettre dans votre bibliothèque. Outre les reproductions des oeuvres présentées à la Villa Tamaris, il contient des textes importants sur le bouillonnement créatif et subsersif de ces années 60, auprès desquelles les années 2000 semblent bien peu novatrices...mais, bon, attendons.

Pour ceux qui aiment lire : voici le pied de nez aux insitutions que faisait JJ. Lebel en 1982 (catalogue "écritures-lectures", Caen) : "Qu’est-ce que la culture dominante ? C’est la gestion centralisée de l’imaginaire : contrôle, planification, uniformisation. C’est l’affirmation permanente par et dans les mass-média, les grandes institutions officielles, les circuits de production et de distribution - de la suprématie de l’Un. C’est la dictature du Même. Heureusement, il a toujours existé d’autres cultures moins assujetties au Pouvoir, donc qualifiées de "marginales", d’"expérimentales", relativement plus libres du fait de leur exclusion des institutions universitaires, muséales et mercantiles. C’est toujours dans les "marges" qu’ont été créés les nouveaus systèmes de perception, les nouveaux codes...."

Questions subsidiaires : que dirait-il en ce jour où son travail est consacré dans ce lieu institutionnel qu’est la villa Tamaris ...?
Qu’en est-il aujourd’hui de cet état subsersif et libre chez nos jeunes artistes, de plus en plus dépendants des "institutions", écoles d’art, frac, drac, centres d’art, etc ? Ah, la nostalgie des annnées 60....où avec trois francs six sous et une assoc. on faisait des miracles...en opposition aux budgets actuellement nécessaires pour faire une exposition digne de ce nom !

Posté le 20 avril 2002

exposition @@@@ (totalement subjectif)
accrochage : @@@ : La grande salle du rez- de chaussée est impressionnante. Dans l’ensemble, nous aurions aimé plus de documents vidéo ou films, plus de photographies, de la poésie sonore, et surtout, plus de textes explicatifs au sein de l’exposition.