Iggy Pop of the top

C’était un beau mercredi soir, un 20 juillet si je me souviens bien. Cette soirée avait débuté par une musique pas tout à fait inconnue : le thème de l’Empire contre-attaque. Un signe. Les petits Jedi de Ghinzu souhaitaient plus que résister à l’empereur Iggy et ses sbires de Stooges.

Ghinzu : c’est du bon, c’est du belge

ghinzu.com/

Quand on voit monter sur scène cinq gars en costard sur une musique de star wars, on se dit que ces gars-là ont de l’humour. Le soleil se couche lentement, il y a un peu de vent. Un harmonica à la Sergio Leone aurait été tout autant approprié. Que nenni ! Quand les Ghinzu font trembler les cordes de leurs guitares et les peaux de leurs batteries, ce sont nos cordes vocales qui vibrent d’elles-mêmes. Le son est si puissant qu’on est un peu scotché. Parfois, la musique prend le pas sur la voix de notre chanteur, mais on mettra ça sur le compte du plein air.

John Stargasm, le chanteur, au clavier se démène comme il peut pour ne pas casser les touches, tandis que les guitaristes, Michaël Nagazaki et Greg Remy, s’échangent leur rythmique et leur basse. Fabrice George cogne comme il faut sa batterie et Sanderson Poe "contrebasse" nonchalamment. La bière les aide un peu à refroidir le moteur que le show à 3000 à l’heure fait rougir de plaisir.

La formation de nos chevaliers Jedi se maintient de front face au public. Les riffs sonnent comme du ZZTop ; on est aux anges. Notre guitariste aux cheveux longs s’excite crescendo ; il finit par sauter de partout, quitte à se vautrer. Rock’n’roll never die ! Notre chanteur fait démonstration d’un beau déhanché. « Blue suede shoes » et c’est le King qui se réincarne dans Ghinzu.

Le rappel donne lieu à une reprise de « Purple rain » de Prince, sur un rythme faussement lent et un sang vraiment gras. Debout sur son clavier, le chanteur n’a peur de rien.
Nous, nous n’avons pas peur de venir les revoir lorsqu’ils passeront dans la région.

Iggy and the Stooges : des tubes en mode automatique

Bien entendu, la star n’avait pas fait les balances l’après-midi. Bien sûr c’était son pote à chemise de feu qui les fit à coups de « yeah-yeah-yeah ». Une heure après les Belges de Ghinzu, l’idole, la star, celui que ce soir la foule en délire attendait, Monsieur Iggy Pop déboulait sur scène.

photo : © Guy Brigaudiot

Iggy, tout le monde le connaît. C’est l’iguane, le mec qu’est pas revenu chéro à sa mère : un jean taille 12 ans qu’on se demande où il met son attirail, pas de t-shirt, des cheveux longs.Autant rock’n’roll qu’un Elton John version, lui, baroque. Sur scène, les fans de la macarena ont été déçus : point de chorégraphie élaborée, juste des gigotements dignes de « Priscillia folle du désert ». On ne peut pas vraiment s’en plaindre ; sur scène, seul Iggy bougeait. Mike Watt (bassiste), Ron Asheton (guitariste) et Scott (Rockation) Asheton (batteur), bref les Stooges avaient perdu leurs jambes de vingt ans, et heureusement que le son était élevé sinon ils seraient tombés de sommeil entre deux accords de gratte.

photo : © Guy Brigaudiot

On est resté bouche bée face à déferlement de morceaux d’anthologie que nous proposait Mister Iggy (« 1969 », « Dug », « No fun », « Dirt », etc.). La voix est claire et malgré le vent, on sent l’Iguane assurer facile ; de quoi renvoyer les pseudo-punks nouvelle génération dans les cordes. On est même resté interloqué aussi lorsque le vieil Iggy invita quelques fans à grimper sur scène afin de danser avec lui. On imagine la joie de ces happy few, tellement contents que deux d’entre eux finirent à poil, à secouer leur zigounette devant le public ou mieux le guitariste qui, de toute façon, était dans son monde. Un vrai moment de sport. Seul petit bémol : le spectacle ne dura qu’une heure, rappel inclus, et la star du soir ne trouva rien de mieux que de rependre deux fois « I wanna be your dog », comme si son répertoire n’était pas assez large et assez original pour chanter autre chose. C’était se faire injure à lui-même et faire injure au public. Dommage.

Posté le 24 août 2005