Les 10, 11 et 12 août un dispositif musclé de gendarmerie a tenté d’asphixier le festival des collines occasionnant un déficit financier dramatique.
Le Festival des Collines existe depuis sept ans. Il est organisé par l’association Contact Sud Musique (CSM).
Depuis 7 ans, sans aucun incident, il a fait le choix d’une programmation éclectique et a permis la découverte de groupes débutants dont certains sont devenus depuis des têtes d’affiche.
Il a respecté, imaginé et mis en place des mesures si efficaces qu’aucun accident n’a jamais été déploré.
Il s’est efforcé de protéger l’environnement et d’initier son public à cette protection.
Le sérieux de son travail, la qualité de sa programmation et de son accueil, la modicité de ses prix ont fait que son public est passé en six éditions de quelques centaines de personnes à 4 500 festivaliers et que 150 bénévoles reviennent chaque année pour le seconder.
Pendant toutes ces années, la répartition des rôles entre Contact Sud Musique, l’association organisatrice du festival, et les gendarmes s’est toujours faite naturellement sans avoir jamais à être discutée.
Jusqu’en 2004, les gendarmes laissaient les festivaliers accéder sans encombres au site. Ils assuraient :
- la fluidité de la circulation
- la surveillance incendie.
CSM plaçait des bénévoles et des agents de sécurité le long de la route et des parkings, qui : - empêchaient les stationnements gênants et désordonnés,
- installaient une signalisation de prévention incendie et la faisaient respecter.
Pour le festival de Mazaugues, la gendarmerie, sur ordre inconnu, a imposé un dispositif hors de proportion :
- un hélicoptère
- au moins 70 agents
- au moins 2 motos tout terrain
- des chiens anti-stupéfiants
- 3 gendarmes en civil à l’intérieur du site.
Des douaniers accompagnés de chiens complétaient ce dispositif.
CSM de son côté s’était engagée à prendre et a pris toutes les mesures habituelles qui rendaient inutile la présence de telles forces.
Le dispositif a été imposé en ces termes : « si vous ne collaborez pas, vous n’existerez plus ». L’un des responsables de la gendarmerie a déclaré : « ici je suis sur mon territoire et je fais ce que je veux »
Ces 70 gendarmes n’ont fait :
- aucun travail de facilitation de la circulation, leurs contrôles l’ont au contraire paralysée
- aucun travail de protection incendie.
Le seul « travail » exécuté par les gendarmes a été le harcèlement systématique des festivaliers.
Par contre, alors qu’une rave-party s’est déroulée trois jours de suite, au su de tous, à quelques kilomètres, des témoins oculaires confirment qu’aucun gendarme n’y a été aperçu alors même que la sous-préfète avait expressément demandé que les gendarmes « empêchent les rassemblements sauvages de style rave-party ».
Il serait donc faux de prétendre que le dispositif était justifié par la recherche de stupéfiants.
Les promesses faites par le lieutenant Chopard, étaient :
- que les gendarmes empêcheraient le camping sauvage dans le cadre de la protection incendie
- que CSM s’occuperait comme à son habitude des parkings et du site (ce que CSM a fait)
- que les gendarmes n’interviendraient sur ces lieux qu’en cas de difficultés et à la demande de CSM
- que les gendarmes ne procèderaient qu’à des contrôles légers
- que les gendarmes ne s’intéresseraient pas « à la fumette », prétendant que « si ils arrêtaient de gros dealers, ce serait positif pour le festival car il apparaîtrait comme sérieux ».
La réalité, confirmée par de nombreux témoignages écrits, a été que :
- toutes les routes permettant l’accès au festival ont été fermées par des barrages lourds y compris à la sortie d’autoroute d’Aubagne
- tous les véhicules ont été systématiquement arrêtés et fouillés,
- cela a eu pour effet de paralyser la circulation au lieu de la faciliter,
- les festivaliers ont attendu jusqu’à plus d’une heure aux barrages,
- certains ont été accueillis armes à la main,
- les personnes ont été fouillées à corps et certaines à nu,
- les fouilles à nu n’ont pas été faites à l’intérieur des camions de gendarmerie mais à l’extérieur et parfois publiquement,
- certains festivaliers sont arrivés manifestement choqués et tremblant de peur et d’émotion aux caisses ,
- les gendarmes ont proféré des insultes sexistes et homophobes,
- ils ont eu systématiquement des attitudes de mépris et de provocation comme doigts d’honneur, ricanements et sarcasmes,
- ils ont procédé à des perquisitions dans les véhicules avec des chiens,
- l’un d’entre eux a menacé « de faire défoncer » la voiture d’un festivalier par son chien,
- une « boulette » de haschich est miraculeusement apparue au sol près d’un jeune homme qui ne possédait rien et dans la voiture duquel les chiens n’avaient rien trouvé,
- les gendarmes ont essayé (en vain) d’intimider ce jeune homme pour lui faire avouer que la boulette lui appartenait,
- les instruments (des claves) de musiciens programmés au festival ont été saisis en tant que « armes contendantes »,
- une personne arrêtée vers deux heures du matin, en voiture, à un barrage, amenée dans un véhicule de gendarmerie à deux kilomètres de là pour un alcotest qui s’est avéré négatif (0,22), s’est vue « invitée » à retourner à pied à son véhicule,
- des personnes ont été verbalisées pour défaut de ceinture et autres infractions mineures au code de la route,
- l’état des véhicules a été systématiquement contrôlé,
- le staff a été menacé de fouille sur le site,
- des gendarmes ont été surpris effectuant des rondes à plusieurs reprises sur le camping réservé au staff.
Des faits particulièrement graves ont été relevés et peuvent faire l’objet de plusieurs témoignages :
Lorsque les trois gendarmes en civil qui avaient été imposés à CSM sur le site, se sont présentés aux entrées, il s’est avéré, à l’occasion du contrôle effectué par les agents de sécurité de CSM, que l’un d’eux était armé.
Le vendredi soir, excédé par ces attitudes de persécution systématique et à la suite d’une arrestation effectuée sur le parking devant le festival, les organisateurs ont rencontré le lieutenant Chopard à son PC placé près du parking du festival et lui ont indiqué que les témoignages des festivaliers victimes de ces abus, et les photos et les films faits par eux allaient être si nombreux et si incontestables que la parole des gendarmes finirait par perdre sa crédibilité et par avoir moins de poids que ces témoignages.
Aussitôt, le lieutenant Chopard a promis un allègement des barrages.
Curieusement quelques minutes plus tard les gendarmes arrêtaient une voiture devant l’entrée du festival et prétendaient y avoir trouvé quelques grammes de cocaïne. Les témoins de la scène ont pourtant vu les chiens pénétrer dans la voiture et ressortir sans avoir rien trouvé et la Présidente de l’association ainsi qu’un autre organisateur n’ont pas pu obtenir que la marchandise prétendument saisie leur soit montrée.
Un policier s’est introduit sur le parking du staff en se présentant comme un policier municipal et en prétendant vouloir faire le parcours santé alors que sa tenue vestimentaire prouvait qu’il n’en était rien et qu’il n’a pas laissé lire sa carte de police.
Une jeune fille s’est présentée le dimanche en prétendant avoir perdu son sac « avec sa conso du mois » sur un espace qui n’était pas accessible au public ( !) puis a demandé si elle pouvait « acheter » ; elle a bien entendu été renvoyée sur le champ par les organisateurs.
En résumé, l’action des gendarmes, a ressemblé indéniablement à une action de répression systématique ayant pour but de décourager les festivaliers et de saboter la manifestation.
C’est effectivement le résultat obtenu :
- le jeudi soir le festival a accueilli moins de 500 personnes au lieu des 800 attendues et habituellement accueillies,
- le vendredi soir, 550 au lieu des 1800 attendues et également habituellement accueillies.
Le vendredi soir le déficit pouvait être estimé aux alentours des 112 000 €.
Comme il apparaissait :
- que les festivaliers s’informaient de la situation par portable et renonçaient à venir au festival, notamment en raison de l’atmosphère de tension et de peur créée par les gendarmes et parce que l’attente aux barrages les empêchait d’arriver à temps pour les premiers concerts et les deux premiers tiers de la manifestation,
- que le maintien de la manifestation le samedi soir aller encore creuser le déficit,
les organisateurs ont décidé d’annuler le festival « in », sur le site.
Mais, compte tenu du soutien de la population mazaugaise, qui a été enthousiasmée par le sérieux et la qualité du festival off offert et organisé par CSM dans le village, les organisateurs ont surmonté leur écoeurement, rassemblé leur énergie et maintenu le festival off le samedi.
Le festival off s’est parfaitement déroulé et la population a exprimé sa plus grande satisfaction et le plus grand soutien à l’association CSM.
Une pétition de protestation contre le dispositif policier a recueilli en moins de 48h plus de 770 signatures.
En conclusion, le Festival semble avoir fait l’objet de mesures tendant délibérément à sa disparition définitive. Des libertés fondamentales ont été violées. Il ne paraît pas excessif de dire que des abus de pouvoir manifestes ont été commis en nombre et que les faits énoncés relèvent de la persécution arbitraire.
Encore une fois puisque les gendarmes ne se sont même pas montrés sur la rave-party qui se déroulait au même moment à quelques kilomètres, la gendarmerie ne peut en aucun cas justifier son action par la recherche de stupéfiants.
Or dans la région PACA , seul le Festival des Collines qui s’efforce de traduire concrètement des valeurs humaines, culturelles, environnementales et pacifiques, a fait l’objet d’une telle répression.
Et sur toute la France cette même répression destructrice semble avoir atteint d’autres festivals mais exclusivement ceux dont les idéaux de paix et de culture sont les mêmes que ceux du Festival des Collines. L’inquiétude, la peur, l’écoeurement qu’engendrent pour l’avenir les évènements qui viennent d’être décrits dépassent largement l’échelle du Festival.