Ils sont trois, deux peintres et un plasticien, ayant des affinités avec la région, à recevoir les honneurs du Musée des Arts de Toulon. Une superbe exposition en trois volets, chaque artiste disposant de son propre espace.
Dans la salle du bas, Raoul Hébréard, plasticien multimedia, nous donne à voir une installation intitulée “rond-around”, où se mêlent et se répondent photographies, peintures, sculptures. Le regardeur cherchera les liens qui unissent les différentes pièces et qui donnent cohérence et sens à l’installation. Dans son propre voyage du regard, il recomposera sa propre histoire. Et, de ces photographies prises dans le train, de celles de ces non-lieux urbains, de la maquette transparente d’une carcasse d’un avion archétypique monté sur un socle en croix ou encore de ces peintures semblables à des prételles figurant des tombeaux, il n’est pas impossible qu’il reconstitue le puzzle ou qu’il déchiffre le rébus qui lui est offert. C’est ça, une installation, c’est un tout plus qu’une somme d’unités. C’est une émotion globale née d’une accumulation de multiples émotions. C’est une impression qui vous envahit peu à peu.
Dans la salle du haut à droite, on pourra contempler la peinture de Solange Triger. Car c’est bien une peinture qui se laisse contempler : loin de l’anecdote, ses fleurs géantes nous emmènent dans la poésie colorée d’une matière fragile faite de transparences et d’éclats, de diffusion et de diffraction de la lumière, de fragilité et de fugacité. Solange Triger nous révèle ce que nous sommes incapables de voir, en une sorte d’épiphanie. Et la fleur devient fleur, et nous sommes dans la fleur. Et aussi, dans ses dernières peintures faites après un voyage en Laponie, la banquise devient banquise, avec ses froides et minimales nuances qui se dissolvent dans un blanc immaculé. Le froid est là qui nous glace. Aller à l’essentiel, à l’essence des choses. Grâce à une peinture totalement dominée, totalement réfléchie et totalement sensible.
Dans la salle de gauche, Jérôme Dupin, toulonnais de coeur puisqu’il enseigne à l’Ecole Supérieure d’Art, nous propose une série de peintures (presque) monochromes, il nous renvoie à la définition de la peinture, une peinture où formes et couleurs sont réduites à leur plus simple expression, une peinture qui ne parle que d’elle-même, une peinture qui se crée elle-même : la forme, carrée, est elle-même détournée puisque deux toiles carrés légèrement décalés et superposés, puis imprégnées, se perdent dans une autre forme, autonome. La couleur est de même détournée puisque les légères nuances qui la composent et qui sont dues à une imprégnation inégale et aléatoire de pigments lui ôtent le caractère monochrome volontariste. Et tous ces ingrédients sont repris dans cette immense peinture in-situ qui recouvre la totalité du mur du fond, et là, tout bascule, et notre regard se perd. Oui, il s’agit de peinture totale, autonome, mais indiscernable à la fois. Paradoxale. Suis-je claire ? non ? alors reportez-vous au texte de Stephen Wright in catalogue, ed. Musée d’Art de Toulon : “L’hypothèse de Dupin est claire : ce n’est qu’en évacuant toute volonté de contenu et de forme que pourra surgir un évènement en peinture”, extrait du texte.
Et voilà trois voies totalement différentes, aussi passionnantes et passionnées les unes que les autres. A voir absolument. Jusqu’au 30 décembre, sauf lundis et jours fériés, 113 Bd Maréchal Leclerc.
Trois catalogues avec textes et photographies des oeuvres, édités par le Musée d’Art, en vente 10 € chacun
Photographies ci-dessus courtesy Dupin, Hébréard, Triger
Exposition @@@@
Vernissage@@ (plein de monde coincé dans l’entrée, pas pratique du tout pour naviguer, sono lamentable, discours inaudibles)