D’après le Larousse de 1973, cela ne vaut pas un zeste
équivaut à dire une chose de peu de valeur.
Dans l’édition de 1990, la définition devient une très
petite quantité d’une chose abstraite. En 2005, Bruno
Sajous et Frédéric Werlé décident de mettre un terme
à cette injustice et de pousser leur zeste au sommet
de la notoriété afin que ce petit mot trop longtemps
cantonné devienne le héraut de la victoire sur le reste.

Ainsi se rencontrent deux chorégraphes, l’un s’estimant
proche du mouvement et de l’abstraction, l’autre
de la danse-théâtre et de la narration. Et leur complicité
fait naître une danse libérée de toute contrainte, un duo
spontané, fait de bric et de broc, d’une irrésistible drôlerie.
On croit voir un spectacle sur les dessous du spectacle,
avec réflexion, pensée, vidéo en direct, projections
et distanciation sur la représentation. Mais tout dérape.
De l’intello d’avant-garde au danseur très show-biz,
les deux pince-sans-rire jouent d’une cascade de gags
farfelus tant chorégraphiques que théâtraux.

Tiraillés entre abstraction et narration, aimant rire de tout
et d’eux-mêmes, les deux danseurs chorégraphes
directeurs de compagnie (Incanto et Iritis) profitent
des cinquante minutes du spectacle pour jeter par-dessus
les moulins leur passé d’interprète et savourer leur métier,
aussi difficile à exercer soit-il. Pour démontrer aussi que
l’expérimentation est encore possible.