Le déjeuner à Tamaris au Bosphore

Infographie de Gisèle Toulouzan

Gisèle Toulouzan "revisite" à travers une quinzaine d’infographies la célèbre peinture de Manet "Le Déjeuner sur l’herbe". Elle fait les portraits photographiques de ses amis dans la position des personnages de la toile du grand précurseur de l’art moderne et les colle numériquement sur fond de paysage tamarisien...

Cette mise en situation humoristique nous offre une triple citation : celle de la peinture de Manet, celle des paysages environnant la galerie, celle de ses amis et d’elle-même. Et, pourquoi pas, le spectateur se projette lui-même sur la toile. Chassés-croisés entre les lieux, les époques, les modèles, les regards des spectateurs et ceux des personnages. Regardeurs regardés.

Peinture de Didier Hays

De tout temps, l’art de la citation a été exploré par les peintres : Manet lui-même ne citait-il pas Raphaël ou Titien. Son apport (une femme nue) a bouleversé la peinture et son histoire. Un mouvement des années 60 appelé "post-moderne" a lui aussi puisé dans le répertoire de l’histoire de l’art, en réaction à une modernité abstraite ou conceptuelle. Par sa série, Gisèle Toulouzan explore systématiquement et théâtralement ce célèbre tableau, les lieux, les visages sont interchangeables, mais, curieusement, toujours nous reconnaîtrons "Le déjeuner sur l’herbe". D’autres peintres sont cités : Jaquet, Picasso, Warhol, les impressionnistes ainsi que le peintre et ami qui expose avec elle : Didier Hays...Ironie ou humour ? en tous cas, grand hommage aux maîtres qui ont fait l’histoire de l’art et délicieuse nourriture visuelle...

Didier Hays, peintre toulonnais, nous donne à voir collages et peintures grand format. Peintre talentueux, il l’est surement. A travers ses toiles totalement figuratives et réalisées avec grande maîtrise, il sait nous montrer avec humour et tendresse des scènes de notre environnement quotidien, l’intimité d’une pièce faite pour dévorer... (voir photographie de cette superbe grande toile), le calme d’un marché au petit matin, la lumière étonnante de Tamaris. A travers ses collages et assemblages savants, il sait nous raconter des histoires, clins d’oeil bienveillants sur notre culture occidentale de consommation et la dolce vita de la fin du siècle dernier. Didier Hays manie avec dextérité les sigles et les signes, symboles de notre société. Lui aussi aime les citations...A voir avec grand plaisir, à déchiffrer patiemment comme un rébus visuel.

Bon appétit ! Exposition en hommage aux délicieux repas organisés au Bosphore par Jean Yves de Pierredon, le directeur de la galerie. Réservés aux membres de l’associatio, retenir longtemps à l’avance.

Posté le 21 avril 2002