IAM : le Gaou sur la planète Mars

C’était la plus petite affluence des Voix du Gaou, ce 29 juillet 2004. Pourtant que l’affiche était belle ! L’Infanterie ouvrait la brèche et IAM n’avait plus qu’à envoyer l’artillerie lourde pour écraser toutes les vilaines langues. Le prix de l’entrée (30 euros) était peut-être prohibitif ; les compagnies de CRS, l’armada de flics municipaux, et les mercenaires de la "security" l’étaient, eux, à coup sûr, prohibitifs. On craignait même un moment que J.-S. Vialatte, maire de Six-Fours, ne vienne mettre son grain de sel dans l’affaire. Sûrement que le nombre l’en a dissuadé. Mass Hysteria ne comptait qu’un chanteur. L’Infanterie et IAM, ça fait au total 7 MCs et 4 DJs, alors ça pousse à réflexion.

IAM n’a pas accordé d’interviews. Votre reporter aurait tout de même pu posé quelques questions à Freeman si celui-ci n’avait pas été occupé à blaguer à la buvette avec les djeun’s du staff. N’est pas Voilà qui veut, et votre reporter a lâchement failli à ses obligations.

Niveau concert, on voit qu’IAM a de la bouteille. Le décor reprend le visuel de la pochette de leur dernier opus, Revoir un printemps, que vous pouvez également admiré sur le site http://www.iam.tm.fr/ au graphisme quelque peu superbe. Trois tours orientales et des colonnes tombées par terre, il manquait plus que le tigre blanc, et on n’y était.

L’intro se résume à un clip. Surgissent ensuite les stars de la soirée : Akhénaton, Shurik’N, Freeman aux lyrics, DJ Daz et Kheops aux platines, deux jolies choristes sont élégamment accompagnées par Kephren (danseur). Que les fans me détrompent et que l’intéressé m’excuse, mais il me semble bien que monsieur Imhotep était absent. Tous les membres du combo ont l’air de prendre leur pied et arborent un sourire jusqu’aux oreilles. Certainement la sérénité des quadras papas... Encore plus sûrement la chaleur dégageait par un public conquis. Akhenaton se remémore son premier concert aux abattoirs de la cité Berthe de La Seyne, il y a vingt ans, et avoue que ça lui fait plaisir de voir des sourires éclairer le visage des jeunes dans la foule.

En ce qui concerne les morceaux, on ne peut qu’accrocher. Les flows coulent comme de l’eau et les samples raisonnent tranquillement dans nos oreilles. Le spectateur moyen que je suis ne trouvera que deux bémols à apporter : les deux medleys interprétés donnent un effet vieux groupe de pop sur le retour, l’engagement politique qui ne s’est borné ce soir qu’à la seule contestation du FN par la diffusion du titre "21/4" (en référence au second tour de l’élection présidentielle de 2002). Par contre on a pu apprécier les différentes reprises de standards tels que "Get up, Stand up" de Bob Marley ou encore "Talking about revolution" de l’excellente Tracy Chapman, ou même l’inoubliable "What a wonderful world" de Louis Armstrong à la fin de "Revoir un printemps".

Gratifié d’un inédit - "Où va la vie ?" - sur des images d’archives où on peut apprécier les chevelures très 80s d’IAM à ses débuts, le public en redemande.

Posté le 11 septembre 2004